Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Sébastien Ranc : Je suis maître de conférences en droit privé à l’Université de Toulouse Capitole. Mon champ de recherche est essentiellement le droit social. Depuis 2022, je co-dirige le master de droit social de l’entreprise.
Ali-Jean Boualam : J’ai la charge d’une section syndicale au sein de la SNCF en région PACA en tant que secrétaire général. J’ai été délégué du personnel, membre et secrétaire du CHSCT, délégué syndical et, depuis 2019, élu au comité social économique (CSE) TER SNCF PACA. Durant toute cette activité de syndicaliste, j’ai établi de nombreux dossiers pour des salariés devant le conseil des prud’hommes mais également devant le tribunal judiciaire dans des litiges opposant le syndicat et mon employeur. Est ainsi née une véritable attirance pour le droit social. En possession d’un baccalauréat scientifique, j’ai décidé, à l’âge de 36 ans, de faire « le pari fou » de reprendre mes études afin d’exercer le métier d’avocat. J’ai d’abord intégré l’IED de la Sorbonne (ex-CAVEJ) pour obtenir ma licence en droit, puis la formation à distance de l’Université de Toulouse Capitole pour obtenir un master en droit social de l’entreprise. En parallèle, j’exerce les fonctions de conseiller prud’homal depuis janvier 2023 en tant que conseiller salarié à la section commerce du Conseil de prud’hommes de Marseille.
Aurore Leonarduzzi : Diplômée en administration et gestion des entreprises culturelles, j’exerce depuis une dizaine d’années dans structures de l’économie sociale et solidaire pour organiser et produire des spectacles, diffuser le cinéma documentaire, soutenir la création artistique, mener des actions d’éducation artistique et culturelle, etc.
Largement sensibilisée aux questions juridiques au cours de ma carrière, j’ai décidé de suivre un cursus universitaire en droit à la fois pour étoffer ma culture générale et pour compléter mon expérience professionnelle par l’ajout de connaissances théoriques. Au cours de ces cinq années d’études, toutes effectuées en enseignement à distance, j’ai constaté la porosité entre la formation en droit et les chantiers professionnels auxquels j’ai participé. C’est une expérience très enrichissante que je recommande vivement aux personnes qui, au bout de quelques années, ont l’impression « d’avoir fait le tour de la question » dans leur travail.
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Aujourd’hui, je suis convaincue d’être une professionnelle plus aguerrie grâce aux outils et réflexes juridiques acquis. Même si je ne me destine pas nécessairement à une carrière juridique, je pense que ces apprentissages seront un atout pour me permettre d’évoluer vers des postes d’envergure plus importante ou pour opérer une translation dans un autre secteur professionnel.
Présentation générale de la formation
Sébastien Ranc : Le master de droit social de l’entreprise de l’Executive Education and Digital University (EEDU) est une formation dispensée en deux années, spécialisée comme son nom l’indique en droit social (droit du travail et droit de la protection sociale). L’ensemble de la formation (cours et examens) se réalise totalement en distanciel. L’objectif de cette formation est que nos étudiants en ressortent avec une vue d’ensemble et de solides connaissances en droit social.
À qui s’adresse la formation ?
Sébastien Ranc : Cette formation s’adresse avant tout aux professionnels qui sont en emploi et souhaitent se réorienter vers le droit social ou monter en compétence en la matière. Elle concerne également les étudiants diplômés d’une Licence 3 et ayant étudié le droit du travail en cours magistral et, si possible, en travaux dirigés. J’insiste sur le fait que l’accès à notre formation nécessite de disposer en amont de prérequis en droit du travail, en sachant que l’expérience professionnelle peut venir combler cette absence de prérequis. Le master de droit social de l’entreprise vise à approfondir ces prérequis.
Qui dispense les enseignements ?
Sébastien Ranc : Il s’agit à la fois d’enseignants-chercheurs (de l’Université de Toulouse Capitole et d’autres universités françaises) et de praticiens (avocats et juristes d’entreprise), tous spécialisés en droit social. L’idée est de mélanger un savoir universitaire avec un savoir pratique. La théorie et la pratique ne vivent pas dans deux « mondes séparés ». Elles sont complémentaires. Les universitaires ne sont pas déconnectés du « réel » et, inversement, les praticiens reviennent souvent à la théorie pour trouver des solutions très concrètes aux problèmes auxquels ils sont confrontés.
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Comment se déroule la formation ?
Sébastien Ranc : Comme je l’indiquais plus haut, l’ensemble de la formation se déroule en distanciel. Les cours sont déposés sur une plateforme numérique au sein de laquelle les étudiants peuvent échanger par écrit avec leurs enseignants. L’enseignement de chacune des matières est jalonné par la réalisation de différents exercices pratiques (travaux dirigés et forums). Pour pallier le distanciel, des séances zoom sont organisées autant que possible.
Pourquoi avoir choisi le master de droit social de l’entreprise ?
Ali-Jean Boualam : Comme je l’indiquais, mon expérience professionnelle a toujours été tournée vers le monde de l’entreprise. Elle m’a permis de développer des connaissances tant sur les relations individuelles de travail que les relations collectives. Outre ma volonté de devenir avocat spécialisé en droit du travail, j’ai ressenti le besoin d’approfondir davantage mon savoir dans des domaines peu maîtrisés tel que la protection sociale, les entreprises en difficulté, etc. En outre, si la mouvance du droit peut s’observer dans les différentes branches du droit, je trouve qu’il est davantage prononcé en droit social, particulièrement jurisprudentiel, et requiert ainsi d’une part, des connaissances solides et d’autre part, l’appropriation de techniques de recherche permettant de se tenir à jour. Le choix du master en droit social n’était alors qu’une évidence.
Aurore Leonarduzzi : Mes fonctions de responsable administrative et financière m’ont donné l’occasion d’approcher de près ou de loin un large panorama de thématiques sociales : gestion de la paie, recrutement, gestion de conflit, négociation salariale, travail avec les instances représentatives du personnel, etc. Ce sont des sujets, parfois traités en surface ou par tâtonnement dans les petites structures, qui m’ont pourtant toujours beaucoup intéressé. C’est pourquoi j’ai eu à cœur d’approfondir plus spécifiquement le sujet du droit social. Je souhaitais conserver un mode d’enseignement intégralement à distance ce qui m’a amenée à m’intéresser à la formation proposée par l’Université Toulouse Capitole.
Qu’est-ce qui distingue l’enseignement en master 1 et en master 2 ?
Sébastien Ranc : Les matières enseignées en master 1 se veulent certes spécialisées en droit social, mais elles restent assez généralistes. L’enseignement en master 2 complète et approfondit ce qui a été acquis en master 1. Pour bénéficier de la plus complète et de la meilleure formation possible, il est fortement conseillé d’avoir réalisé le master 1 en droit social de l’entreprise avant d’intégrer le master 2.
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En master 2, les étudiants rédigent un rapport d’activité en lien avec leur pratique professionnelle ou un mémoire de recherche. C’est un travail exigeant, à réaliser sur le long terme, et consistant à prendre le temps d’approfondir une notion ou un sujet particulier en droit social.
Une des particularités de ce master est d’être ouvert sur d’autres branches du droit distinctes du droit social (droit pénal, droit des sociétés, droit des entreprises en difficultés, droit de l’environnement, droit de la fonction publique, etc.) et d’autres disciplines (anglais, gestion et histoire). Le juriste spécialisé en droit du travail ne doit pas raisonner avec des « œillères ». Il doit connaître et tenir compte de ce qui l’entoure.
Est-il possible de réaliser un stage en cours d’année ?
Sébastien Ranc : Pour les étudiants qui ne sont pas en emploi, il est fortement conseillé de réaliser un stage au cours du M1 et/ou M2 pour compléter la formation universitaire.
Pouvez-vous présenter en quelques mots le rapport d’activité ou le mémoire que vous avez rédigé en master 2 ?
Ali-Jean Boualam : J’ai rédigé un rapport d’activité intitulé « Conseillers prud’homaux à l’épreuve du droit, analyse critique à la lumière d’une expérience de terrain ». La justice prud’homale a dû, et continue, d’essuyer de nombreuses critiques. Il m’a paru important de rétablir certaines vérités sur cette activité que je pratique et pour laquelle je trouve certaines attaques déconnectées des réalités du terrain. Si ces critiques ne sont pas toutes infondées, elles reposent fréquemment sur des constants erronés. Au cours de l’écriture de ce rapport, je découvrais de plus en plus d’articles de doctrine ou de rapports foudroyants alors même qu’aucun constat factuel pertinent n’était mis en avant. Plus j’avançais dans la recherche et plus l’expression « quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage » raisonnait en moi et me donnait la volonté de rétablir une vérité fondée sur l’expérience de terrain.
Aurore Leonarduzzi : Mon mémoire de master 2 portait sur le travail maritime et marchand. J’ai réalisé une étude des règles applicables mais aussi des inégalités entre les travailleurs, notamment en fonction de leur nationalité, dans ce secteur professionnel très dérégulé. Le choix de ce sujet a constitué une continuité avec le master 1 que j’avais effectué en droit international et européen. Complément néophyte en matière de marine marchande, il s’est agi d’un prétexte pour mener une démarche exploratoire sur un secteur professionnel avec un œil neuf et ainsi faire l’expérience du travail de recherche avec le moins de biais possible.
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Quels conseils donneriez-vous à un candidat souhaitant intégrer le master ?
Ali-Jean Boualam : Je ne connais pas les attentes spécifiques du jury qui sélectionne les candidats. Néanmoins, je pense que les notes obtenues en droit du travail lors de la licence démontrent l’appétence du candidat pour la matière. De plus, les places étant très limitées et puisque la formation à distance de l’Université de Toulouse Capitole est, à ma connaissance, le seul organisme à proposer le master en droit social intégralement à distance, il faut justifier des contraintes ne permettant pas au candidat de suivre un enseignement en présentiel. Enfin, à mon sens, les motivations du candidat et la présentation d’un projet professionnel doivent être détaillées afin de démontrer toute sa volonté de réussir et d’obtenir le master.
Aurore Leonarduzzi : Je pense que les personnes dotées d’une expérience professionnelle et qui ont déjà abordé, ne serait-ce que partiellement, des questions sociales doivent avoir confiance dans leur légitimité à intégrer la formation universitaire. L’apport du terrain est à mon sens décisif pour envisager la déclinaison des enseignements théoriques dans le monde du travail. L’esprit critique et la curiosité sont également des qualités utiles à mobiliser tout au long du master.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant sélectionné dans le master pour être diplômé ?
Ali-Jean Boualam : Le travail à effectuer pour le master et celui effectué en licence est assez distinct. Durant les trois années de licence, on reste sur un enseignement très scolaire : on apprend les cours et on acquiert la méthodologie ; puis, l’examen porte sur ces points. En master, on commence à devenir des chercheurs. Si les cours à distance de l'EEDU sont complets, lors des examens, le correcteur s’intéresse à la réflexion du candidat et à son analyse juridique. Ainsi, la charge de travail peut être répartie sur quelques heures chaque soir (entre deux et trois heures, six jours par semaine) pour intégrer le cours mais également pour aller lire la jurisprudence citée ou les articles référencés. Je n’ai pas ressenti que l’obtention du master était conditionnée à une restitution pure et simple du cours, mais davantage à des discussions juridiques qui permettent aux examinateurs de percevoir la compréhension et la maîtrise des enjeux de chaque matière.
Concernant le mémoire de recherche ou le rapport d’activité, c’est un travail très conséquent et mieux vaut le commencer le plus tôt possible, même par anticipation du semestre 4 en M2, en réfléchissant au sujet que l’on souhaite présenter. Il est, par exemple, possible et même recommandé de référencer la bibliographie sur laquelle on peut tomber au cours de l’année, voire de commencer la rédaction d’un plan qui pourra être modifié au cours des travaux, etc. Il ne faut pas hésiter à solliciter les responsables de Master dès le début d’année pour savoir si le sujet envisagé est judicieux. Il n’est bien sûr pas question de délaisser les matières du S3 en master 2, mais davantage d’avoir toute l’année le réflexe de relever toutes informations utiles à l’établissement de son mémoire ou de son rapport d’activité. |
Par ailleurs, je pense que la réussite est également une affaire d’état d’esprit. Ce master s’adresse surtout à des étudiants ayant déjà une, voire plusieurs, expérience du milieu professionnel. Les cours étudiés sont donc en lien avec la vie de tous les salariés et les employeurs et il ne faut alors pas hésiter à prendre du plaisir à cet enrichissement d’un droit juxtaposable à la pratique et souvent à des situations déjà rencontrées. La pire des choses serait de subir cet apprentissage.
Enfin, si j’ai un dernier conseil à prodiguer c’est de trouver un binôme avec qui partager régulièrement. Les études à distance engendrent un réel handicap, celui de l’isolement. Ma promotion était sur un groupe WhatsApp sur lequel nous échangions régulièrement et j’ai constitué un binôme avec une étudiante avec qui j’échangeais régulièrement (1 fois par semaine environ) pour discuter de nos avancées, soumettre nos hésitations, se remotiver parfois et s’aider sur nos difficultés.
Pour conclure, je tiens à préciser que les enseignants qui sont intervenus durant le master sont, quasi-unanimement, particulièrement bienveillants et disponibles. Il ne faut surtout pas hésiter à les solliciter et à poster des questions sur le forum afin de progresser.
C’est donc largement faisable à la condition d’être motivé et rigoureux !
Aurore Leonarduzzi : Il me semble important de hiérarchiser les informations dans un cours pour ensuite concentrer son attention sur les mécanismes emblématiques de la matière, sans trop diluer son attention dans les détails. Dans un calendrier contraint, surtout pour les étudiantes et étudiants en activité, mieux vaut comprendre qu’apprendre par cœur.
Le rythme du master incite à fournir un effort régulier au cours des semestres pour répondre aux sujets obligatoires comme facultatifs. Cela permet de travailler plusieurs matières en parallèle et limite les sprints caractéristiques des jours précédant les examens.
Il est enfin important d’éviter l’isolement en échangeant avec ses pairs mais aussi avec les enseignantes et les enseignants de la formation tout au long de l’année. Cela permet de prendre du recul sur son travail et d’entretenir la motivation lorsque le moral vacille. La participation aux réunions en visioconférence est alors un bon moyen de mettre un visage sur des noms et d’avancer ensemble dans les apprentissages ou les difficultés éventuellement rencontrées. Dans notre promotion les profils étaient très variés, il était alors intéressant de prendre connaissance des trajectoires de chacune et chacun pour alimenter ses propres réflexions. |